Le Lion de L’urbanisme

Le Lion de L’urbanisme

Publicada originalmente em abril de 2024, sob o título O Leão do Planejamento Urbano.

Dans sa thèse de master, soutenue en 2001, la professeure Teba Silva Yllana (Département d’Architecture et d’Urbanisme) a étudié les œuvres de trois architectes de Londrina, dans les années 60 du siècle dernier, qui ont succédé au célèbre João Batista Vilanova Artigas : Luiz César da Silva, Ivan Jekkoff et Léo de Judá Barbosa. Le Master était interinstitutionnel: (Université de l’État à Londrina (UEL) et Université de São Paulo (USP)  et, à l’époque, le chercheur menait, entre autres actions, des entretiens, notamment avec Léo de Judá lui-même (1937-2013).

Au cours de son doctorat, la professeure a abordé les transformations survenues sur le trottoir le plus célèbre du pays, dans une thèse intitulée « Rochers, dessins et dessins : le trottoir de Copacabana », soutenue à l’Université Fédérale du Rio de Janeiro (UFRJ) en 2009. Elle a repris une partie de la recherche du Master à travers le projet « Léo de Judá Barbosa et l’audace brutaliste à Londrina en 1970 ».

Professeure Teba Silva Ylana.

Pour approfondir son étude, elle a élargi les entretiens et a parlé avec des personnes qui avaient travaillé avec Léo, des architectes ou d’autres professionnels, incluant des agents publics liés aux travaux. Elle a parlé aussi avec la veuve de l’architecte et urbaniste, la sociologue et professeure Maria Victor Barbosa et a fait des recherches sur les matériaux utilisés par Léo.

Elle a obtenu des données pertinentes dans la mairie de Londrina et a réalisé une étude photographique de tout ce qu’elle a trouvé. « Léo ne gardait pas des dessins », se souvient la professeure. En compensation, elle a créé  un laboratoire avec une expressive collection de projets, non seulement de Léo, mais aussi d’autres architectes, comme Julio Ribeiro. Celui-ci est connu pour ses projets résidentiels dans les années 80 à Londrina. Le laboratoire possède également des projets d’architectes uruguayens et argentins. Situé dans le Centre de Technologie et Urbanisme de l’UEL, il a été nommé Laboratoire de Documentation Architecturale et Construction Civile – Luiz César da Silva.

BRUTALISME

Dérivé du Modernisme, le Brutalisme est un mouvement (pour certains, style, ou même tendance) des années 50 aux 70 caractérisé par le volume et la nette prédominance du béton apparent dans des constructions aux lignes plus géométriques (généralement droites) et aux agencementes plus simples, en leurs prêtant une apparence plus rude plus soucieuse de fonction que de forme. Naturellement, la proposition faisait partie du zeitgeist (esprit d’une époque) d’après-guerre qui favorisait de telles préférences. Au Brésil, le bâtiment du Musée d’Art de São Paulo (MASP) est un exemple d’architecture néobrutaliste.

Centre social urbain de Vila Portuguesa, Londrina: projet de Léo Judá est connu pour être le théâtre de la mise en scène de la Passion du Christ pendant presque un demi-siècle.

À Londrina, le gymnase sportif Darcy Cortez (appelé Moringão) est un projet de Léo de Judá, ainsi que   le bâtiment de l’Association dentaire (Jardim Dom Bosco) mais qui a passé par plusieurs interventions postérieures. D’après la chercheuse, le gymnase serait partie d’un grand complexe culturel d’avant-garde, dont la superficie couvrirait le lieu   où aujourd’hui se trouve un supermarché. Malheureusement, cela n’a pas abouti. « Ce serait quelque chose d’inédit pour le Brésil », souligne Teba.

Un autre héritage de Léo pour la ville a été la transposition de la ligne de chemin de fer qui coupait la ville en sa région centrale (aujourd’hui, l’Avenue Est-ouest) et l’a divisée pas seulement géographiquement mais aussi moralement (au début) – tout ce qui s’y trouvait « en bas » était moins fiable, qu’ils étaient d’établissement ou de personnes.

Léo a des projets dans d’autres villes du nord du Paraná. Il convient de rappeler qu’il y est arrivé pour habiter à Maringá, ou il y avait des familiers de sa femme. À Porecatu (à 85 km de Londrina), les bâtiments de la Mairie et de l’hôtel de ville sont ses projets, ainsi que le Café Iguaçu, à Cornélio Procópio (à 67 km de Londrina).

Siège de la mairie de Boston (USA) à partir de 1968 : exemple d’architecture brutaliste.

VISIONNAIRE

Léo de Judá Barbosa n’était pas seulement un architecte de qualité, mais aussi un homme avec une vision de ce qu’ une ville est ou doit être, assez inhabituelle pour son époque. Pas étonnant qu’il a été Secrétaire aux Travaux publics ou à la Planification avec différents maires. L’un de ses projets est très connu de la communauté de Londrina : le centre Social Urbain de Vila Portuguesa qui reçoit chaque année des centaines de personnes pour la mise en scène de la Passion du Christ, pendant la Semaine Sainte – un spectacle mis en scène depuis 1978. « Léo avait une vision rare de la ville, qui ne pensait pas seulement au bâtiment à construire mais à la ville entière », dit la professeure Teba. Selon elle, il a contribué à systématiser le concept d’urbanisme.

Le bâtiment du MASP est un exemple de l’architecture néobrutaliste.

Ce caractère visionnaire de l’architecte peut avoir donné des indices dès le début de sa carrière. Pendant qu’il était étudiant, il a gagné un prix à la Biennale d’architecture en 1961 en compétition avec 36 projets et architectes de 27 pays. Le prix a été partagé avec son professeur directeur de l’époque. Plus tard,  Léo effectue un stage auprès d’Oscar Niemeyer. Celui-ci a conduit l’entretien de stage et a indiqué Léo.

Niemeyer et l’urbaniste Burle Marx sont venus à Londrina grâce au travail de Léo Judá. Il convient de rappeler que la gare routière de Londrina, inaugurée en 1988, est un projet d’Oscar Niemeyer. Pendant que Burle Marx a été le responsable de la revitalisation du lac Igapó, qui comprend un nouveau jardin avec près de 200 espèces natives. En plus de ces noms hors concours, Léo a travaillé avec une équipe de professionnels d’avant-garde et de cabinets de conseil spécialisés.

L’héritage de l’urbaniste visionnaire n’est pas seulement celui des œuvres. Il a produit aussi des Cahiers de diagnostiques de la situation de la municipalité, des documents extrêmement utiles pour la planification urbaine future, bien avant que le Plan directeur de Londrina ne soit mis en œuvre. C’est à partir de ces matériaux, par exemple, que la ville a établi un quartier industriel et a recommandé le système d’Information Géographique de Londrina (Siglon).

La gare routière de Londrina, inaugurée en 1988 est un projet d’Oscar Niemeyer. (Photo: Vivian Honorato).

ORIENTATIONS DU PROJET

La professeure Teba coordonne le projet et compte sur la participation de trois étudiants de premier cycle en architecture. Elle a présenté ses recherches  à l’École d’architecture et d’urbanisme de l’Université de Sao Paulo (FAU-USP) et finalise un livre qui prochainement devra être publié.     .

La chercheuse souligne également qu’elle commence à s’approfondir sur une autre caractéristique moins connue de Léo de Judá : son côté artistique. Teba mentionne, par exemple, que lui et l’artiste Ligia Clark ont fréquenté une école d’art en même temps. Elle a été une étudiante de Burle Marx.

Publicada originalmente em abril de 2024, sob o título O Leão do Planejamento Urbano. Versão em francês: Fabiano Augusto Pinto, bolsista do Programa Paraná Fala Francês da UEL (PFF-UEL). Revisão: Profa. Dra. Janaína Jenifer de Sales, Docente do Departamento de Letras Estrangeiras Modernas da UEL e Coordenadora Institucional do PFF-UEL.

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